#30 Entretien privilégié - Jean Desportes & Grégoire Hababou

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Rencontre avec Jean et Grégoire, fondateurs du magazine de décoration d'intérieur Sloft 

Aux prémices de cette aventure entrepreneuriale, deux trentenaires confrontés à une nouvelle réalité : "Aujourd'hui, le sujet n'est plus forcément le 150 m2 familial à Passy mais plutôt le 50 m2 à République". Partant de ce postulat, Jean et Grégoire décident de casser les codes et fondent Sloft Magazine, le premier magazine des intérieurs urbains inspirants de 15 à 70 m2.
 

1- Racontez-nous les débuts de Sloft Magazine car à priori, rien ne vous prédestinait à vous lancer dans la déco...

Grégoire : Avant d'être associés, nous sommes surtout amis. Lorsqu'on a commencé à évoquer l'idée de créer un magazine, fin 2014, c'est vrai que nous faisions complètement autre chose. Jean travaillait dans la pub et moi dans le travel retail, chez l'Oréal.

Jean : En fait, le premier déclic est arrivé lorsque j'ai quitté ma coloc pour emménager dans mon premier "vrai" appartement, un 49 m2 dans le 18e. Je ne connaissais rien à la déco et je me suis rendu compte qu'il n'existait pas d'offres presse qui répondent réellement aux problématiques de décoration d'intérieur d'un trentenaire urbain. En feuilletant les titres traditionnels, je ne tombais que sur des cuisines en marbre ou des pots de peinture plus chers que des boites de caviar, et c'est finalement en observant les appartements de mes copains que j'ai trouvé des idées pour aménager le mien. J'ai fait part de ma réflexion à Grégoire et de fil en aiguille, on en est venu à se dire lors d'un diner : "Pourquoi ne pas créer un blog ou un magazine de déco d'intérieur qui s'appellerait Sloft ?" 

 

2- Concrètement, en quoi ce média lifestyle apporte un nouveau souffle à la déco ? 

G : On s'est très vite rendu compte que les appartements entre 15 et 70 m2 étaient systématiquement rangés dans la rubrique “petits espaces" des magazines. Un terme presque péjoratif pour des biens en réalité largement prédominants dans les grandes villes. Notre souhait était donc de rendre à ces intérieurs leurs lettres de noblesse en sélectionnant des appartements de particuliers, à la fois inspirants et en adéquation avec la réalité de citadins de 29 à 40 ans. 

J : Au-delà de ça, l'avantage c'est que Sloft Magazine ne fait pas que parler de trucs et astuces pour faire tenir un lit dans un placard. On cherche avant tout à montrer des appartements très bien décorés, dans lesquels même des Nantais propriétaires d'une grande maison pourraient y puiser l'inspiration. L'idée, c'est de ne plus chercher à optimiser ces espaces limités par tous les moyens mais à les habiter.

 

3- Quelle place occupent les jeunes créateurs sur votre site et quels conseils pourriez-vous leur donner pour justement les aider à se démarquer ? 

G : En fait, on essaye de ne pas adopter de posture ‘descendante’ en disant "cette marque est plus cool que celle là" etc. On préfère faire confiance aux choix des habitants dont nous mettons en avant les intérieurs. Par exemple l'appartement de Sophie, qui a chez elle une très belle table conçue par un designer, mais aussi deux lampes Ikea, un fauteuil vintage et un tableau qu'elle a récupéré de ses grand-parents. En procédant de cette façon, nos sélections de produits s'équilibrent naturellement. On mentionne aussi bien les grands acteurs de la déco que des objets chinés atypiques auxquels on essaye d'ailleurs toujours de trouver une équivalence à la vente dans une autre marque. 

J : Selon moi, les jeunes créateurs qui arrivent à se démarquer sont ceux qui proposent quelque chose d'unique. Ce qui manque aux grandes marques, c'est justement l'éclectisme. On y trouve souvent les mêmes produits et des solutions toutes faites qui manquent d'aspérité et de respiration. Alors que les marques qui ont une histoire à raconter et qui proposent des produits singuliers attirent l'oeil et marquent davantage les esprits. 

 

4- Quelles sont vos ambitions pour le magazine ? Qu'envisagez-vous pour conseiller des clients aujourd'hui en quête d'une décoration de plus en plus exclusive ? 

J : Pour le moment, on voudrait continuer à enrichir notre ligne éditoriale qui nous sert de vitrine, mais à terme, pourquoi ne pas créer une marque à part entière et développer un service encore plus personnalisé. On pourrait éditer nous-même des collections de meubles, ouvrir une boutique, faire de l’architecture d’intérieur en mettant en relation les clients et notre réseau d’architectes et même contribuer à des ventes en mettant en contact les acheteurs et les propriétaires. Tout est envisageable !

 

5- Et à propos de décoration exclusive, quel est votre coup de cœur chez Adjamée ?

G : Oui ! Le coussin Backgammon, que j'ai d'ailleurs offert à ma mère. Ce que j'aime chez Adjamée, c'est qu'il n'y a pas de fausses couleurs. La plupart des produits sont des pièces très colorées qui peuvent aller partout. Le tout, c'est d'oser. Souvent en matière de décoration, les gens ont l'impression qu'il faut respecter un cadre, alors que le but c'est justement d'en sortir.  

 

6- À propos d'inspiration, auriez-vous des comptes Instagram à nous conseiller ? 

G : Wilo&Grove, une galerie parisienne qui déniche des œuvres d'art pour les non-itinités, et Nowness pour l'esthétique. 

J : J'aime également beaucoup Blink Interiors, qui est spécialisé dans la décoration d'intérieur.

WiloandGrove - "Photo tirée de la série Continuum réalisée par Benjamin Didier"

WiloandGrove - "Photo tirée de la série Continuum réalisée par Benjamin Didier"

Blink Interiors - "This all black library room gives me goosebumps in the best way. Via @artofinteriors"

Blink Interiors - "This all black library room gives me goosebumps in the best way. Via @artofinteriors"

 

7- Un conseil déco de dernière minute avant que l'on se quitte ?

G : Ne jamais négliger les tapis !  

 

Propos recueillis par Maïlys Derville

Talissa BachelotGramme