#37 Entretien privilégié avec Marion Ruilhat, fondatrice d'Herbarium
Il y a un peu plus de 2 ans, Marion lançait Herbarium avec sa sœur, Pauline. Outre une profonde envie d’entreprendre, le duo voulait avant tout remettre au goût du jour les herbiers, souvent considérés comme des éléments de déco désuets. Pari réussi pour Marion qui tient désormais seule les rennes de cette start-up et enchaîne les succès, avec au compteur trois récentes collaborations - Sézane, Bergamote & Make My Lemonade - et l’ouverture d’un pop-up store fin 2018 dans le Marais.
1- Peux-tu nous raconter les débuts d’Herbarium ?
À l’origine, je ne viens pas du tout de ce milieu… J’ai fait des études de commerce avant de débuter une carrière dans la finance de marché, à Londres.
En fait, Herbarium s’est fait assez progressivement. J’ai toujours bien aimé la déco, notamment les herbiers que ma mère chine depuis que je suis petite. Au début, j’ai commencé à en fabriquer pour décorer mon appartement, puis rapidement, j’ai été prise d’un véritable engouement. J’ai commencé à lire plein de choses sur le sujet, à rencontrer des gens, à tester différents types de fleurs…
Malgré tout, c’est resté pendant longtemps à l’état de hobby. Le déclic est venu plus tard, en en parlant à ma sœur qui travaillait elle dans la mode, un milieu plus créatif. C’est à partir là qu’on a voulu créer une marque moderne d’herbiers, se rendant compte qu’il n’en existait pas. Au début, j’ai essayé de m’en charger en parallèle de mon travail jusqu’au moment où c’est devenu trop prenant. J’ai alors décidé de m’y consacrer à temps plein avec ma sœur.
2- Sur votre site, vous mettez en avant « l’artisanat » et le « made in Paris », concrètement, comment vos tableaux sont-ils fabriqués ?
En fait, on utilise la technique classique de l’herbier tel que l’on pouvait le faire avec un dico en cours de SVT ou avec nos grands-parents. On lave et on sèche des plantes fraîches, que l’on presse ensuite dans un mille-feuille de papier assez absorbant, de type buvard, puis on ajoute ensuite du poids par dessus. C’est le même principe que si l’on mettait des fleurs dans un dictionnaire, c’est juste que l’on a une presse plus sophistiquée avec un papier plus technique. Généralement, cela prend entre 2 semaines et 2 mois, les plantes tropicales nécessitant par exemple beaucoup de temps.
Au début, on pressait tout nous-mêmes et avec le temps, on a développé des partenariats avec des fournisseurs qui nous pressent certaines choses, même si on continue aujourd’hui encore à en presser une partie.
Une fois que ce processus est terminé, on passe ensuite à l’étape de la composition. Là aussi, cela peut être assez court mais également très long pour les modèles complexes. Pour fabriquer les tableaux, on utilise une colle qui n’est pas abrasive pour les végétaux et qui fait que l’herbier peut durer dans le temps sans altérer la couleur des plantes.
3- Où puises-tu tes inspirations ? Comment choisissez-vous par exemple les fleurs ?
Un peu partout finalement. Je m’inspire aussi bien de vieux herbiers traditionnels que de choses plus contemporaines, comme la mode ou ce que j’observe autour de moi.
En ce qui concerne le choix des fleurs, plusieurs paramètres entrent en jeu. Le pressage déjà, qui se fait en fonction d’un calendrier de saisons, et le choix de nos modèles, qui dépend lui aussi de plusieurs choses. Déjà, qu’est-ce qui est prenable et qui va être joli pressé ? Car ce n’est pas le cas de tous les végétaux. Ensuite, même si c’est joli pressé, il faut que cela nous inspire et que l’on ait envie d’en faire une composition qui soit jolie en tant que tableau.
Et troisièmement, la symbolique, qui nous importe aussi beaucoup. Dans notre collection permanente, on donne par exemple les informations botaniques de chaque végétal ainsi que sa symbolique, basée sur de vraies histoires et anecdotes.
ERABLE PALMÉ
SÉRÉNITÉ
Informations Botaniques
L’érable palmé tient son nom de la forme si reconnaissable de ses feuilles pouvant prendre des teintes variées. Pas de surprise à ce que cette espèce incarne la sérénité, le calme et l’observation : déjà les druides se référaient à l’érable palmé ou « messager des dieux » pour concocter potions et onguents. Les vertus protectrices de l’érable japonais sont aussi appréciées en Asie, dont il est originaire.